Le moulin à vent de Wormhout

Le moulin sur pivot et d’autres innovations agricoles eurent un impact important sur la démographie. L’augmentation de la production alimentaire entraîna un accroissement de la population. Entre 950 et 1300, celle des Plats Pays quadrupla. Les innovations agricoles favorisèrent également l’urbanisation. Dans les zones rurales, il fallait moins de personnes pour produire la même quantité de nourriture. Une main-d’œuvre importante se libéra ainsi en faveur de l’artisanat ou du commerce. Ces activités se déployèrent principalement dans les villes. Au XIIIe siècle, Gand était, avec Paris, la plus grande ville du nord-ouest de l’Europe et les historiens estiment qu’elle comptait probablement 80 000 habitants. Vers 1450, le comté de Flandre était, à lui seul, peuplé d’environ 660 000 habitants et un tiers de la population des anciens Pays-Bas de l’époque vivait dans une ville.

Pour de nombreuses personnes, s’installer en ville était toutefois une nécessité. À la fin du XIIIe siècle, la plupart des terres fertiles des Plats Pays avaient été mises en culture. Seules subsistaient les parcelles moins riches, celles qui étaient difficiles à exploiter ou situées dans des coins reculés. Y investir en hommes et en chevaux ne valait pas la peine. Comme la population rurale ne cessait cependant d’augmenter, le nombre de terres qui permettait d’en vivre s’avéra à la longue insuffisant. Bien des habitants des campagnes durent chercher fortune ailleurs. C’est ce qu’ils firent, entre autres dans les villes émergentes.

Au XVIIIe siècle, la population de l’Europe occidentale connut à nouveau une forte croissance. Dans la région de la Flandre actuelle, la population passa entre 1700 et 1800 de 1,2 million à 1,9 million d’habitants. L’innovation agricole s’avéra une fois de plus indispensable : si l’on voulait nourrir tout ce monde, il fallait cultiver davantage et de façon plus intensive.

Les paysans se mirent à cultiver de nouvelles terres, comme les landes en Campine, et augmentèrent également la productivité des petites exploitations. De nouvelles cultures, comme la pomme de terre riche en amidon venue d’Amérique, permirent de produire de grandes quantités de nourriture sur de petites surfaces. En alternant les céréales et les pommes de terre avec des fourrages tels que les navets et le trèfle, les agriculteurs enrichirent le sol. Un cheptel plus important entraîna une fertilisation plus dense, qui permit, grâce aussi à l’entretien intensif des cultures et un désherbage fréquent, d’obtenir des rendements plus élevés.

La population de l’Europe occidentale continua de croître tout au long du XIXe siècle. En 1880, 3,3 millions de personnes vivaient dans la Flandre actuelle. La productivité agricole crût toutefois plus lentement que la population. L’importation massive de céréales américaines permit de faire face à la demande. Le continent américain attira en outre un grand nombre d’émigrants européens pauvres, réduisant ainsi la pression démographique en Europe.

À la fin du XIXe siècle, des innovations provoquèrent un nouveau bond de la productivité agricole. Les paysans eurent recours à des engrais produits industriellement et augmentèrent ainsi la fertilité de leurs sols. Les travaux agricoles furent graduellement confiés à des machines : faucheuses, batteuses, arracheuses de betteraves… Si l’homme et l’animal étaient nécessaires à leur fonctionnement, elles étaient de plus en plus souvent actionnées par des moteurs à vapeur et des moteurs diesel.