La tour de l’Yser
L’héritage de la Première Guerre mondiale
En 1928, une tour de cinquante mètres de haut fut érigée à Dixmude, sur la rive gauche de l’Yser, en hommage aux soldats gagnés par la cause flamande qui avaient trouvé la mort pendant la Première Guerre mondiale. Depuis, la tour de l’Yser est devenue l’un des monuments les plus controversés de Flandre.
La tour fut construite à l’initiative du « Comité de pèlerinage de l’Yser », une association catholique flamande qui, à partir de 1920, organisa une commémoration annuelle pour honorer les soldats morts au front de l’Yser. Le monument se voulait aussi le symbole du combat pour l’autonomie de la Flandre. Son inauguration en 1930 donna lieu à des émeutes antibelges. Conçu comme une cérémonie commémorative, le pèlerinage de l’Yser se transforma au fil des ans en une manifestation nationaliste flamande, souvent perturbée par de virulentes démonstrations.
En raison de la collaboration des nationalistes flamands avec les occupants allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, des opposants dynamitèrent la tour après la libération. Une nouvelle version de la tour ne tarda pas à surgir grâce aux dons des Flamands catholiques, mais aussi au soutien financier du gouvernement belge. Elle s’éleva cette fois à une hauteur de 84 mètres. L’abréviation AVV-VVK (« Alles Voor Vlaanderen – Vlaanderen Voor Kristus » ou « Tout pour la Flandre, la Flandre pour le Christ » ) fut à nouveau accrochée au haut de la tour, de même que le message pacifique en quatre langues « Plus jamais la guerre ».
Anvers, ADVN Centre d’archives et de recherche
Sur les ruines d’une pompe à eau du village détruit de Merkem, au beau milieu de la ligne du front, des soldats flamands ont laissé une inscription à la peinture rouge : « Voici notre sang, à quand nos droits ? », protestant ainsi contre leur position d’infériorité dans l’armée.
L’héritage de la Première Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale eut une incidence majeure sur la lutte linguistique en Belgique. Les occupants allemands exploitèrent la question flamande pour noyauter la Belgique. Le mouvement flamand se radicalisa, mais connut aussi des divisions en raison de différentes tendances.
Dans les territoires occupés, les Allemands n’hésitèrent pas à manipuler les « activistes » en faisant miroiter la mise en œuvre des revendications flamandes, voire en promettant une forme d’indépendance. Cela parut inacceptable pour la plupart des défenseurs de la cause flamande : ils estimaient que leurs revendications ne pourraient être satisfaites qu’après la fin de la guerre et voyaient dans l’activisme une trahison qu’il fallait condamner.
Des tensions existaient aussi sur le front de l’Yser. En 1914, le français était la langue de communication de l’armée belge. Cela dérangeait certains soldats flamands : ils risquaient leur vie pour une patrie qui ne tenait que fort peu compte de leur propre langue. Le « Frontbeweging » ou « Mouvement du Front », un groupe de jeunes intellectuels catholiques, entreprit toutes sortes d’actions de protestation pour dénoncer ce problème. Il réclamait des unités militaires flamandes et un statut d’autonomie pour la Flandre.
Le mécontentement partagé par les activistes et le « Frontbeweging » est à l’origine de l’émergence du nationalisme flamand dans le paysage politique. Des membres du Mouvement du Front et d’anciens activistes s’unirent au sein d’un nouveau parti, le « Frontpartij » ou Parti du Front. Ses adhérents participaient avec assiduité au rassemblement annuel au bas de la tour de l’Yser, qui attirait aussi des flamingants appartenant à diverses couches de la société. Par son symbolisme – « Tout pour la Flandre » – le pèlerinage de l’Yser contribua ainsi à façonner une identité flamande indépendante, distincte de la Belgique.
À propos
Pour approfondir le sujet
Non-fiction
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De Groote Oorlog. Het koninkrijk België tijdens de Eerste Wereldoorlog
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Greep naar de macht. Vlaams-nationalisme en Nieuwe Orde. Het VNV 1933-1945
Lannoo, 1994.
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Lannoo, 2017.
Repressie met maat? De omvang en de chronologie van de strafrechtelijke repressie van het Vlaamse burgeractivisme na de Eerste Wereldoorlog
In: Nefors, P. en Tallier P.A., En toen zwegen de kanonnen, Brussel 2010, p. 305-361
De overlevenden: de Belgische oud-strijders tijdens het interbellum
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De Frontbeweging. De Vlaamse strijd aan de IJzer
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