Ros Beiaard 2022.

Le cheval Bayard et les quatre fils Aymon à Termonde en 2022 | Termonde, Ros Beiaardcomité vzw, Geert De Rycke.

Quête de sens et convictions philosophiques
Au plus tard en 1460
Texte lu

La procession du cheval Bayard à Termonde

Processions et ommegangs

Tous les dix ans, un cheval de bois géant parcourt les rues de Termonde : le Cheval Bayard (« Ros Beiaard »). Sur son dos sont assis les « Quatre Fils Aymon », joués par quatre frères nés dans la ville de Termonde. À chacune de ses sorties, le cortège attire les foules.

Texte lu

Depuis le XVe siècle, le Cheval Bayard joue un rôle important dans les processions populaires de nombreuses villes. L’origine du cheval remonte à une chanson de geste du Moyen Âge née en France pour se répandre ensuite dans toute l’Europe. Dans les anciens Pays-Bas, l’histoire s’est transmise sous l’appellation « De historie van de vier Heemskinderen » (« L’histoire des Quatre Fils Aymon »). Selon la version de Termonde, le cheval servit d’enjeu suite à un pari de vie ou de mort entre Louis, le fils de Charlemagne, et les quatre fils d’un certain Aymon, seigneur de Termonde. Les frères gagnèrent le pari et mirent à mort leur adversaire. Ils s’enfuirent sur le dos du cheval, poursuivis par les soldats de Charlemagne. Après d’interminables affrontements, les frères, mis sous pression, finissent par sacrifier leur puissant destrier à la demande de Charlemagne. La mort de Bayard met fin au litige et rétablit la paix.

Sint-Joriskermis.

Amsterdam, Rijksmuseum, RP-P-2003-353

Kermesse et ommegang sur une gravure de Pieter van der Borcht datant de 1553.

Texte lu

Processions et ommegangs

Les cortèges comme celui du Cheval Bayard trouvent leur origine dans les processions et ommegangs du Moyen Âge. Les processions avaient un caractère religieux. Comme pour de nombreuses fêtes chrétiennes, leur source remonte souvent à des coutumes encore plus anciennes. Elles se déroulent généralement avec l’intention d’honorer un saint particulier, dont l’image ou la relique est promenée à travers les rues ou les chemins. On vénérait les reliques pour obtenir une guérison ou conjurer les catastrophes.

Le mot ommegang renvoie à la tradition de la « circumambulatio » latine, à l’origine une forme de procession qui consistait à « tourner autour » d’un édifice ou d’un symbole religieux. Les ommegangs ont progressivement pris des aspects plus profanes. C’est ainsi que sont apparus des personnages et des animaux provenant de chansons de geste et de légendes, comme le Cheval Bayard. À partir du XVIe siècle, certaines processions mettent en scène des thèmes exclusivement profanes, même si séculier et sacré souvent s’entremêlent.

À la fin du XVIIIe siècle, l’empereur autrichien Joseph II imposa des restrictions aux processions. Plus tard encore, les autorités françaises interdirent également les ommegangs profanes qu’ils considéraient comme des pratiques superstitieuses.

Au XIXe siècle, les cortèges religieux et laïcs connaissent un renouveau, entre autres grâce à l’intérêt croissant pour l’époque du Moyen Âge. À partir des années 1960, un grand nombre de processions disparaissent à nouveau. L’Église catholique accorde moins d’importance à la dévotion populairetraditions et coutumes religieuses pratiquées par le peuple et la culture folklorique traditionnelle tombe lentement en désuétude. Dans certaines communes les processions sont toutefois restées à l’honneur grâce à de fortes traditions locales et à leur attrait touristique. Aujourd’hui elles sont réhabilitées comme les précieux témoignages d’un patrimoine immatériel.

À propos

Heilig Bloedprocessie 2022.

Bruges, Heilig Bloedprocessie vzw, Frank Toussaint

La procession du Saint-Sang à Bruges (image de 2022).

Texte lu

La procession du Saint-Sang à Bruges

Malgré leur histoire mouvementée, de nombreux ommegangs et processions ont connu une tradition presque ininterrompue. La procession du Saint-Sang à Bruges remonte elle aussi au Moyen Âge. La coutume naquit en 1304, lorsqu’à l’occasion de la procession annuelle dite de la Sainte-Croix, les Brugeois défilèrent pour la première fois avec leur reliqueun fragment du corps d’un saint ou un objet dont il s’est servi la plus précieuse. Cette relique était du sang du Christ que le comte de Flandre Thierry d’Alsace aurait ramené de la Terre sainte après la deuxième croisade (1147-1149). En réalité, la chapelle des comtes de Flandre, l’actuelle basilique du Saint-Sang, n’abrita la fiole contenant la relique qu’à partir du XIIIe siècle.

Au cours des siècles de sa longue existence, la procession du Saint-Sang a subi de nombreuses modifications. On y intégra de nouveaux éléments narratifs, alors que d’autres disparurent. Le cheval Bayard par exemple défila pendant un certain temps avant d’être retiré du cortège. Depuis 1900, la procession met principalement en scène des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament et évoque le culte médiéval du Saint-Sang. À partir des années 1970, les responsables ont augmenté le nombre de scénettes et d’évocations théâtrales. La procession du Saint-Sang attire depuis des décennies nombre de visiteurs étrangers et a été inscrite par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, tout comme l’ommegang du Cheval Bayard à Termonde.

Reuzenstoet 2022.

www.reuskens.be, Dries Luyten

La procession des Géants de Borgerhout (image de 2022).

Texte lu

Les géants

Les géants font partie intégrante d’une grande variété de cultures. À partir de la fin du XIIe siècle, ils apparaissent également dans de nombreux ommegangs et processions des anciens Pays-Bas. Plus tard défilent aussi des personnages géants de légende comme le Cheval Bayard, le géant anversois Druon Antigone et le dragon de saint Georges. Les géants peuvent également représenter des personnages historiques ou fictifs locaux, ou encore symboliser des quartiers, des familles ou des professions. Qu’on les porte ou qu’on les tire ou pousse sur des roulettes, ils constituent un élément essentiel de divers défilés, cérémonies et festivals.

La coutume des géants était très répandue dans les Pays-Bas méridionaux, ainsi que dans le Hainaut qui en faisait partie. Elle était et est toujours très diversifiée. À Borgerhout, près d’Anvers par exemple, les « Reuskens », littéralement les « petits géants » ont fait leur apparition au début du XVIIIe siècle. On les sort chaque année à l’occasion de la kermesse, entourés de musiciens et de chars. Les quatre personnages d’origine sont accompagnés aujourd’hui de nouveaux géants, venant de différents horizons culturels.

Si les géants de Borgerhout ont survécu à la Révolution française, c’est que les Français les avaient enrôlés à la fin du XVIIIe siècle dans les célébrations républicaines. Beaucoup d’autres géants historiques furent cependant détruits durant cette période. Au XIXe siècle, les géants regagnèrent en popularité et à partir des années 1950, ils connurent un véritable renouveau grâce à la restauration d’anciens personnages et à l’introduction de nouvelles effigies. Des comités locaux virent le jour pour perpétuer la tradition. Aujourd’hui, on estime qu’il doit y avoir en Flandre entre huit cents et mille géants. La coutume des géants de Belgique et du Nord de la France, dont fait partie le Cheval Bayard, a également été inscrite sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO en 2008.

Leuven kermisommegang met het Ros Beiaard en de vier Heemskinderen.
Louvain, Archives de la ville, Liber Boonen

Willem Boonen, archiviste de la ville de Louvain, rédigea à la fin du XVIe siècle une histoire de sa ville en néerlandais. On y trouve cette image du Cheval Bayard et des Quatre Fils Aymon qui défilaient lors de la procession ouvrant à l’époque la kermesse annuelle. Il existait déjà à Louvain un ommegang consacré au Cheval Bayard au début du XVe siècle.

De Zeezegening van Wenduine in 1908. De legende wil dat vissers een groot kruis uit de zee haalden nadat de stormvloed Oud-Wenduine had overspoeld. Het kruis verdween de volgende dag, maar werd enkele weken later op dezelfde plek teruggevonden. Tijdens de Zeezegening brengt men het kruis naar de kerk van Wenduine.
Le Coq, Archives municipales, DHGA PB (7054) A

La bénédiction de la mer à Wenduine en 1908. La légende veut que des pêcheurs aient récupéré en mer une grande croix après qu’une tempête avait entièrement inondé l’ancien village. La croix disparut le lendemain, mais fut retrouvée au même endroit quelques semaines plus tard. Lors de la cérémonie de la bénédiction de la mer, les habitants rapportent la croix en procession à l’église de Wenduine.

Ros Beiaard Mechelen.
Malines, Banque régionale d’images, Victor Van Durme

Tous les 25 ans, la « Cavalcade de Hanswijk » passe par le centre-ville de Malines. Cette Cavalcade a pour origine la procession annuelle de Hanswijk qui se tient en l’honneur de la Vierge et qui est probablement la plus ancienne procession de Flandre. Le Cheval Bayard est également de la partie à Malines. Carte postale datant des années 1900-1911.

Boeteprocessie Veurne.
Banque d’images de la ville de Courtrai

Le thème principal qu’illustre une procession de pénitents est la Passion du Christ. À Furnes, les pénitents défilent depuis le XVIIe siècle. Sur cette image datant de l’entre-deux-guerres, des femmes et des enfants chantent l’hosanna.

Vuil janet.
Collection privée Stijn Van der Stockt

Fêtards au carnaval d’Alost en 2018. Nombreuses sont les cultures où l’on fête le renouveau printanier sur le mode de la folie, de la moquerie et de l’exubérance. Dans la tradition chrétienne, le carnaval annonce le carême. Le carnaval d’Alost remonte au Moyen Âge.

Reuzenteam Wetteren.
Het Laatste Nieuws, Didier Verbaere

Les porteurs de géants de Wetteren devant les personnages de Géant et Géante, peut-être les plus anciens géants originaux que compte la Flandre (photographie de 2018). Les cortèges où ils défilent nécessitent les efforts de nombreux bénévoles. Certaines familles fournissent des porteurs de génération en génération.

Pour approfondir le sujet

Reuzen Borgerhout
Karrewiet

Bron: VRT archief – 17 sep 2012

Ros Beiaard
Karrewiet

Bron: VRT archief – 27 mei 2022

Non-fiction


De historie vanden vier Heemskinderen

Bert Bakker, 2005. 

Geybels Hans
Heiligen en tradities in Vlaanderen. Herfst en Winter

Davidsfonds, 2018. 

Geybels Hans
Heiligen en tradities in Vlaanderen. Lente en Zomer

Davidsfonds, 2017. 

Gielis Gert & Libens Sebastien
Het zevende jaar. Processies in de regio Maas-Rijn

Peeters, 2010. 

Peeters Marnix & Van Beek Rudi
God in Vlaanderen: de kerken lopen leeg, maar de mensen vieren in velden en straten

Van Halewyck, 2011. 

Roelants Nienke
Voetsporen van devotie: processies in Vlaams-Brabant

Peeters, 2008. 

Van Der Linden Renaat
Reuzen in Vlaanderen: volksleven van vijf eeuwen

Vlaams Boekenfonds, 1985. 

Fiction


Ballegeer Johan
100 Brugsche legenden, sprookjes, sagen, anekdoten, spook- en heksenverhalen

Raaklijn, 1984. 

Dieltiens Kristien
De wolkeneters: 20 verhalen over reuzen

De Eenhoorn, 2021. (6+) 

Herzen Frank
De vier heemskinderen

Van Goor, 1983. 

Lamend A.
Vlaamse Filmkens. De vier heemskinderen

Averbode, 1959. (10+) 

Van Dam Arend
Sterke Jan: volksverhalen over reuzen, aardgeesten en legendarische helden

Elmar, 2002. (13+) 

Bandes dessinées


Geerts Paul
Suske en Wiske. Het ros Bazhaar (nr. 90)

Standaard Uitgeverij, 1974.

Merho
Kiekeboe. Schijnheilig bloed (nr. 136)

Standaard Uitgeverij, 2013.

Nys Jef & Van Loock Gerd
Jommeke. Het verdwenen hoefijzer (nr. 305)

Ballon Comics, 2021.

Vandersteen Willy & Verhaegen Marc
Suske en Wiske. Heilig Bloed (nr. 275)

Standaard Uitgeverij, 2002.

Eufoda
‘t Ros Beiaard doet zijn ronde: ommegangen, processies, gildefeesten

Traditionele muziek uit Vlaanderen (2001).