Jozef Cardijn (1882-1967) orateur | Louvain, KADOC-KU Leuven, KFA4180.

Quête de sens et convictions philosophiques
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Années 1920
Texte lu

Le mouvement de jeunesse de Joseph Cardijn

« Pilarisation » et sécularisation

Le prêtre Joseph Cardijn, né à Halle, était indigné par le sort misérable réservé aux jeunes travailleurs. Pour tenter d’y remédier, il fonda après la Première Guerre mondiale la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Son nouveau mouvement fit école et est aujourd’hui actif dans le monde entier.

Texte lu

En tant que jeune vicaire à Laeken avant la Première Guerre mondiale, Joseph Cardijn (1882-1967) fut confronté quotidiennement à la pauvreté et à l’exploitation des travailleurs. De nombreux garçons et filles quittaient l’école à 14 ans et étaient embauchés pour effectuer de durs labeurs. Cardijn fut touché par les conditions souvent déplorables dans lesquelles ils travaillaient. Afin d’améliorer la vie de la jeunesse issue de ces milieux défavorisés, il organisa des réunions où se rassemblaient de jeunes ouvriers d’usine. De cette initiative naquit en 1924 la Jeunesse Ouvrière Chrétienne ou JOC (en Belgique francophone) et la Katholieke Arbeidersjeugd ou KAJ (en Flandre). Un peu plus tard, Cardijn élargit son mouvement de jeunesse en y adjoignant une section de filles. Les « Jocistes » (Kajotters en néerlandais) bénéficiaient d’une formation religieuse et apprenaient quelles actions entreprendre pour obtenir de meilleures conditions de vie et de travail. Grâce au charisme de Cardijn, le mouvement connut un succès croissant, y compris en Belgique francophone. Après la Seconde Guerre mondiale, Cardijn étendit son mouvement de jeunesse au monde entier. En signe de reconnaissance, le pape le nomma cardinalplus haut dignitaire de l’Église catholique après le pape en 1965.

<p>Heysel, 1935, Jocistes ou « Kajotters » célébrant leur dixième anniversaire à leur congrès annuel.</p>

Louvain, KADOC-KU Leuven. Beeldarchief KAJ/VKAJ. 137

Heysel, 1935, Jocistes ou « Kajotters » célébrant leur dixième anniversaire à leur congrès annuel.

Texte lu

« Pilarisation » et sécularisation

Lorsque Cardijn lança son mouvement de jeunesse, l’Église catholique avait encore une forte emprise sur la vie privée et publique, mais elle s’inquiétait des changements induits par la société industrielle moderne et voyait une menace dans la montée du socialisme.

Pour se lier les croyants, l’Église se mit à cautionner, surtout dans la première moitié du XXe siècle, la fondation d’organisations catholiques dans tous les domaines de la société. Outre des écoles et des hôpitaux, elle créa des caisses d’assurance maladie et des syndicats, des clubs sportifs, des cinémas et même sa propre station radiophonique. Toutes ces initiatives devaient promouvoir les conceptions de vie catholiques. Jeunes ou vieux, hommes ou femmes, diplômés ou non : l’offre recouvrait l’ensemble de la société. Cette stratégie de fidélisation des membres, adhérents ou partisans était également pratiquée dans les milieux socialistes et libéraux. Les sociologues utiliseraient plus tard le terme néerlandais de « verzuiling » (littéralement « pilarisation ») pour qualifier cette compartimentation de la société en cercles de convictions ou « piliers » distincts.

Quand, après la Seconde Guerre mondiale, de plus en plus de jeunes bénéficièrent d’une scolarité plus longue et que la prospérité croissante donna naissance à toujours plus de loisirs, l’influence de la religion alla en régressant. À partir des années 1960, l’Église elle-même se montra plus compréhensive et s’ouvrit davantage à la société moderne. Cette évolution accéléra une sécularisationle reflux de l’influence de la religion au profit de l’accroissement du monde et des affaires profanes qui s’accompagna d’un processus de dépilarisation : au lieu de se tourner de façon quasi exclusive vers les offres de « leur » pilier, les citoyens prirent l’habitude de procéder bien plus souvent à des choix personnels. Mais comme elles offraient des services importants, de nombreuses organisations « pilarisées » subsistèrent, comme les mutuelles pour les soins de santé ou les syndicats pour la défense des droits du travail.

À propos

Chirojeugd.

Jan Van Bostraeten

Le mouvement de jeunesse « Chirojeugd Vlaanderen » comptait environ 120 000 membres en 2023. Le terme « Chiro » renvoie aux deux consonnes grecques qui constituent le nom du Christ. Le Chiro est l’organisation sœur du mouvement de jeunesse chrétien Patro, actif dans la partie francophone du pays.

Texte lu

Mouvements de jeunesse d’hier et d’aujourd’hui

L’Église a toujours accordé une grande attention à l’éducation et à la formation. Dans l’éventail des organisations catholiques qui virent le jour dans la première moitié du XXe siècle, les mouvements de jeunesse occupent une place insigne. À l’instar de Cardijn, les autorités de l’Église soutenaient des organisations de jeunesse adaptées à chaque milieu social. Les étudiants, les ouvriers, les paysans et la classe moyenne disposaient ainsi de leurs propres clubs de jeunes, souvent rattachés à une paroisse locale. Les scouts et le mouvement du Chiro, qui ne s’adressaient pas à un groupe social spécifique, étaient eux aussi liés au « pilier » catholique. Durant la même période, d’autres « piliers » fondèrent des associations de jeunes sur un moule analogue. Les socialistes créèrent ainsi en 1929 le mouvement des « Faucons rouges » (« Rode Valken » en néerlandais). Le spectacle de jeunes en uniforme, chantant et défilant dans les rues, était courant dans la Flandre de l’entre-deux-guerres.

À partir des années 1960, on observe une « dépilarisation » de la plupart des mouvements de jeunesse. Les convictions philosophiques n’avaient pas disparu, mais passèrent au second plan. De plus en plus d’organisations s’ouvrirent à la mixité. Jouer ensemble, prendre soin les uns des autres et organiser des camps d’été annuels étaient les nouvelles priorités. Avec plus de 275.000 membres, les mouvements de jeunesse façonnent encore aujourd’hui les loisirs de nombreux jeunes en Flandre.

Lintfabriek.

Kontich, Lintfabriek, uitgeverij Stockmans Art Books

Les « maisons de jeunes » tels que Netwerk (à Alost), Democrazy (à Gand) ou Het Lintfabriek (à Kontich) sont devenues des lieux privilégiés pour les amateurs de tous les genres de « musique alternative ». Sur la photo, le groupe américain Fishbone en concert au Lintfabriek de Kontich le 20 octobre 2002.

Texte lu

Maisons de jeunes

La première maison de jeunes ouvrit ses portes dans la Paleisstraat à Anvers dès 1957. D’autres clubs similaires virent rapidement le jour. Ces « maisons » étaient un moyen d’atteindre les jeunes qui n’étaient pas membres d’un mouvement de jeunesse. Elles devaient également leur succès à une loi votée en 1960 « sur la préservation morale de la jeunesse » qui interdisait l’accès des mineurs aux salles de danse, tout en autorisant les fêtes et soirées dansantes dans les maisons de jeunes. Les socialistes, les libéraux et les catholiques avaient tous leur propre fédération de maisons de jeunes.

En raison d’une scolarité plus longue et d’inscriptions de plus en plus nombreuses dans les universités et les écoles supérieures, la phase de vie qu’est la jeunesse s’allongea de façon consistante. Dans les années 1960, les adolescents entre 13 et 19 ans ainsi que les jeunes de 20 ans et plus devinrent des catégories distinctes entre l’enfance et l’âge adulte, des périodes associées à la rébellion et à l’expérimentation. Cette rébellion se manifestait par des signes extérieurs, comme les vêtements et les coiffures, qui exprimaient le rejet des codes bourgeois de l’époque : propreté, discipline, abstinence, stricte démarcation entre le monde des garçons et celui des filles…

À partir des années 1970, de nombreuses maisons de jeunes se rallièrent à la tendance de la « dépilarisation » pour suivre leur propre voie. Elles se professionnalisèrent et gagnèrent en autonomie. Les jeunes y organisaient désormais eux-mêmes leurs loisirs en programmant des fêtes et des spectacles, des films et des discussions entre amis. Les 534 maisons de jeunesse reconnues qui existent aujourd’hui en Flandre sont devenues des centres d’activités où les jeunes construisent leur propre monde culturel de façon indépendante.

Sint-Pauluswerk
Louvain, KADOC-KU Leuven. Affichecollectie. KCA522

L’Église catholique voulait protéger les fidèles de la « mauvaise presse ». Affiche bilingue non datée.

Schoone menschen.
Louvain, KADOC-KU Leuven. kca000522

Les Kajotters ou Jocistes faisaient dès l’origine partie d’un mouvement de jeunesse qui se voulait aussi, comme en témoigne cette affiche, un mouvement social.

Een vakantiekamp van de Preventieve Luchtkuren van de Christelijke Mutualiteit – het latere Kazou – in het Zwitserse Melchtal.
Louvain, KADOC-KU Leuven. kfa004760

Depuis 1947, la Mutualité Chrétienne organise des camps de vacances, entre autres en montagne, comme ici dans la vallée suisse du Melchtal. Autrefois appelés « Preventieve Luchtkuren » (« Cures respiratoires préventives »), les services pour la jeunesse de la Mutualité ont changé de nom en 2006 et se sont rebaptisés « Kazou ».

Cardijnlaan.
Louvain, KADOC-KU Leuven. KFA001454

Inauguration de l’avenue Cardijn à Hansbeke, près de Deinze, en 1972. En Flandre, pas moins de 107 rues et places portent le nom de Cardijn.

JNM.
Gand, Amsab-ISG, af000450

Tous les mouvements de jeunesse ne doivent pas leur existence à une initiative d’origine catholique. La « Jeugdbond voor Natuurstudie en Milieubescherming » (aujourd’hui « Jeugdbond voor Natuur en Milieu » JNM) est une association de jeunes qui, comme son nom l’indique, a pour objectif d’étudier la nature et de protéger l’environnement. Elle vit le jour en 1983.

Scouts.
Jente Van Pelt

Les groupements scouts sont bien représentés en Flandre. Citons parmi eux les « Scouts en Gidsen Vlaanderen » (à l’origine d’inspiration chrétienne) et le « FOS Open Scouting » (d’inspiration pluraliste et de tendance laïque).

Pour approfondir le sujet

Cardijn
Histories – Jozef Cardijn

Bron: VRT archief, AMSAB, KADOC, Rijksarchief in België – 11 mei 1999

Non-fiction


De jaren ’30 in België: De massa in verleiding

Ludion, 1994. 

Cardijn. Een mens, een beweging

KADOC Jaarboek, 1982. 

Alaerts Leen
Door eigen werk sterk. Geschiedenis van de kajotters en de kajotsters in Vlaanderen, 1924-1967

KADOC, 2004. 

Billiet Jaak (red.)
Tussen bescherming en verovering. Sociologen en historici over zuilvorming

UPL, 1988.

Gerard Emmanuel (red.)
De christelijke arbeidersbeweging in België

2 dln., UPL, 1991. 

Huyse Luc
De verzuiling voorbij

Kritak, 1987. 

Knuts Stijn, De Ceuninck Koenraad & Reynaert Herwig
Het volk in beweging. Beweging voor het volk: 125 jaar ACW Gent-Eeklo

Vanden Broele, 2016. 

Segers Yves & Van Molle Leen
Het Vlaamse platteland in de fifties

Davidsfonds Uitgeverij, 2012. 

Van Haver Jozef
Voor u, beminde gelovigen: het Rijke Roomse leven in Vlaanderen 1920-1950

Lannoo, 1993. 

Van Leeuw Claire
Cardijn en de KAJ een wereld in beweging

Uitgeverij Averbode, 2017. 

Van Molle Leen
Ieder voor allen. De Belgische Boerenbond 1890-1990

LUP, 1990. 

Fiction


Durnez Gaston
Een mens is maar een wandelaar

Davidsfonds Uitgeverij, 2018. 

Durnez Gaston
De bolhoed van mijn vader: herinneringen uit de kersentijd

Polis, 2015. 

Bandes dessinées


Bourret Jean-Claude, e. a.
Scoutswoord, erewoord

TJ Editions, 2014.

Charlier Jean-Michel & Mitacq
De beverpatroelje (30 albums)

Arboris, 1954-1993.

Delzenne Philippe & Berte Kristof
Jommeke. Het verpeste kamp (nr. 308)

Standaard Uitgeverij, 2022.

Hempay Guy & Rigot Robert
Le Cardinal Cardijn

Gepubliceerd in magazine J2 Jeunes, nr. 6, 11 februari 1965.

Hergé
De Avonturen van Totor P L van de Meikever

Gepubliceerd in Le Boy-scout belge, 1926.

Jijé
Baden Powell

Dupuis, 1950.

Linthout Willy & Urbanus
De avonturen van Urbanus. Urbanus bij de Chiro (nr. 134)

Standaard Uitgeverij, 2017.

Vandersteen Willy
Suske en Wiske. De wervelende waterzak (nr. 216)

Standaard Uitgeverij, 1988.

Vandersteen Willy
Suske en Wiske. 25th World Scout Jamboree Korea 2023

Standaard Uitgeverij, 2023.

Nu kijken


Bekijk een interview met Jozef Cardijn door Joos Florquin

(1962)

Bekijk een kort portret van Jozef Cardijn
Canvas
Histories – Jozef Cardijn, 1882 – 1967, Kardinaal Van De Arbeiders

Bijkomend kijkmateriaal