Les villes sur la carte d’Al-Idrisi
Les contacts avec le monde musulman
« Kent » (Gand), « Abrugs » (Bruges), « Sant Mir » (Saint-Omer)… C’est sous ces noms à peine reconnaissables que plusieurs villes flamandes figurent sur une carte du XIIe siècle. Muhammad Al-Idrisi réalisa un exploit: à une époque où les informations étaient limitées, il réussit à cartographier le monde tel qu’il le connaissait.
Al-Idrisi était un érudit issu d’une famille maghrébine de haut rang. Mandaté par le roi (chrétien) de Sicile Roger II, il s’attela vers 1154 à la réalisation du Kitâb Rudjâr ou « Livre de Roger », une description et une carte du monde connu à l’époque. La Sicile était l’endroit idéal pour Al-Idrisi, car elle lui permettait de découvrir des régions qu’il n’avait jamais visitées. L’île était en effet un véritable bouillon de culture, un creuset de connaissances. Peuplée de chrétiens, de musulmans et de juifs, la Sicile était une région où transitaient de nombreux marchands et voyageurs. On peut supposer qu’Al-Idrisi leur demanda de l’informer sur les villes des Plats Pays, qu’il jugea suffisamment importantes pour les indiquer sur sa carte. Sa description n’est pas toujours exacte, car elle s’appuie sur des témoignages parfois vagues ou imprécis. Son cas n’est pas exceptionnel: les érudits occidentaux utilisaient des sources tout aussi douteuses lorsqu’ils écrivaient à propos de pays lointains.
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Version complète et moderne de la carte du monde d’Al-Idrisi. Le Moyen-Orient est représenté comme le centre du monde. Les Plats Pays se trouvent en haut à gauche.
Les contacts avec le monde musulman
Le début du Moyen Âge en Europe occidentale est une période peu favorable au développement des arts et des sciences. Après la chute de l’Empire romain d’Occident (en 476), le territoire européen entre dans une ère de crise. Une partie considérable des connaissances accumulées dans l’Antiquité tombe dans l’oubli. Seules les grandes abbayes conservaient encore quelques ouvrages grecs et latins dans leurs bibliothèques. La vie intellectuelle reprit son essor sous Charlemagne (vers 800). Mais l’Europe occidentale avait pris du retard par rapport au monde islamique, qui s’étendait du sud de l’Europe à l’Asie centrale. Dans la région d’Al-Andalus en particulier, au sud de l’Espagne actuelle, les érudits et les philosophes renouèrent avec les connaissances de l’Antiquité. Les savants islamiques et juifs ajoutèrent de nouveaux acquis dans les domaines de la médecine et de la philosophie.
C’est en partie grâce au monde islamique qu’à partir du XIIe siècle les arts et les sciences trouvèrent un nouveau souffle en Europe occidentale. Les écrits conçus dans l’Al-Andalus exercèrent une influence importante sur les savants chrétiens. Des termes mathématiques tels que « algèbre », « algorithme » ou « chiffre » sont d’origine arabe. Les Européens redécouvrirent en outre une partie de l’héritage de l’Antiquité classique grâce aux érudits islamiques. Le savoir se transmettait d’une société à l’autre, à chaque fois avec des ajouts et de nouvelles connaissances.
À propos
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